Le Mont Batur est le troisième plus haut volcan de Bali, situé dans le nord est de l’île. Il s’agit d’un volcan actif de 1717 mètres de haut, qu’il est possible de gravir à l’aube pour admirer le soleil se levant derrière le Mont Agung attenant, si vous êtes suffisamment aventurier pour le long et abrupte chemin menant au sommet. Dans les croyances Hindoues, cette montagne est sacrée. C’est une excursion bien connue sur l’île, mais vous êtes vous déjà demandés comment se déroule réellement l’ascension d’un volcan? Si c'est sur votre bucket list, suivez moi dans une des aventures dont je me rappellerai certainement longtemps.
Un réveil très matinal et la route jusqu’au camp de base
Il est 2h du matin, une nuit de juin sans nuage, et je me réveille un tant soit peu désorientée avant de me souvenir pourquoi mon réveil est réglé sur une heure si avancée du matin. Il est l’heure de se préparer rapidement, et je me glisse dans une veste chaude que je porte pour la première fois sur cette île tropicale. Mes chaussures de marches aux pieds et mon appareil photo en main, je sort dans l’obscurité totale où notre chauffeur nous attend. Le sourire chaleureux de Wayana illumine toujours notre journée, mais à cette heure de la nuit c’est difficile de rester éveillée à écouter ses récits sur l’heure de route pour rejoindre Batur. Je remarque vaguement que nous roulons entourés par la jungle, dont j’entends les chants nocturnes, mais la route est si déserte que je m’endors de nouveau assez rapidement. La seconde d’après, mes amies me réveillent alors qu’on arrive au camp de base. Il est 3h30 du matin Wayana nous donne des bouteilles d’eau, des pommes et bananes «pour vous donner de l’énergie pour marcher». Et nous en auront besoin, en effet. Un guide local nous amène ensuite vers une table à l’intérieur du camp, avec un «Bienvenue, le petit déjeuner est prêt!» Une minute après, on nous apprte de larges assiettes de crêpes aux bananes ainsi qu’une tasse de café produit sur l’île, encore fumante. Nous ne nous attendions définitivement pas à manger de si tôt, mais le déjeuner est plus que bienvenu en sachant la marche qui nous attend.
«Wayana, combien de temps faut il pour arriver en haut du volcan en général ? » Je demande entre deux gorgées de café. « Moins de deux heures ! C’est facile, ne t’inquiète pas ! » Deux heures, oui. C’était plutôt presque trois heures, et seulement parce nous avons marché particulièrement vite. Je trouve toujours cela assez drôle de lire d’autres voyageurs louant ce trek comme étant assez accessible : je fait de la randonnée depuis que j’ai l’âge de marcher et me considère suffisamment sportive, et pourtant j’étais épuisée à la fin du parcours. En rétrospective, c’est en effet assez accessible si vous prenez votre temps pour grimper. Mais lorsqu’il y a une limite de temps, c’est une toute autre histoire. Mais commençons par le début de l’aventure.
Le début de l'aventure dans l'obscurité totale
Il est maintenant 3h45, et le 4x4 est prêt pour nous emmener au pied de la montagne. Nous disons à plus tard à Wayana, en lui rappelant de ne pas manger trop de crêpes en notre absence et de ne pas nous oublier au milieu de la jungle, et embarquons dans la voiture. Dix minutes plus tard, nous atteignons le début de la randonnée, et sommes réunies avec deux autres personnes pour former un petit groupe d’expédition. Notre guide nous donne des lampes frontales, et nous informe sur l’heure à laquelle il est prévu que nous atteignons le sommet (pour indication, il est 4h du matin, et nous sommes supposés arriver en haut à 6h. Le soleil se lève autour de 6h30). Puis, il est l’heure de marcher !
Une chose à savoir, c’est que ce trek n’est un secret pour aucun voyageur : il est bien connu auprès des amoureux de la nature et de ceux qui recherchent l’aventure, des photographes et vidéastes. C’est donc assez logique que les Balinais ont trouvé affaire en emmenant les gens en haut du volcan. Cela signifie donc que vous ne serez certainement pas seuls durant cette randonnée : ni sur le chemin pour monter, et définitivement pas en haut.
Nous commençons notre excursion dans l’obscurité totale, marchant en file entre ce que nous identifions comme des plantations de tomates dans le noir. Il fait si sombre, que malgré les étoiles nous ne voyons pas bien plus qu’à quelques mètres devant nous. Pendant les premières minutes, nous marchons dans la campagne, passant de petites maisons où les lumières sont éteintes, en silence, jusqu’à ce que l’on atteigne finalement le début du sentier sur le versant de la montagne. Il y a la jungle tout prêt de nous, nous pouvons l’entendre. Et j’aimerais pouvoir voir correctement les plantes qui nous entourent et effleurent nos bras alors que nous avançons, parce que j’ai le sentiment que le paysage doit être magnifique.
Un léger changement d'évènements et manquer de se perdre
Il est presque 5h quand mon amie et moi décidons que nous respectons notre petit groupe, mais que l’allure à laquelle nous marchons est définitivement trop lente pour nous. Nous demandons à notre guide si nous pouvons continuer par nous même. Il hésite au début, mais nous lui promettons que nous seront très prudentes, essayeront de rejoindre un autre groupe plus avancé, et les attendront à mi chemin. Il finit par accepter, et nous sommes enfin libres de marcher à rythme plus rapide. Il ne s’agissait pas d’une envie de s’épuiser encore plus que prévu, c’était plutôt le tic tac de l’horloge et le fait que nous ne voulions absolument pas manquer le lever de soleil. En rétrospective, nous avons passé toute la randonnée à regarder nos montres, et je trouve cela assez drôle sachant que je met toujours un point d’honneur à éviter toute source de stress lorsque je voyage à l’étranger. Mais lorsque le sentier est aussi difficile que celui là, et que vous savez à quel point le lever de soleil qui vous attend est réputé splendide, vous ne voulez définitivement pas laisser le grand prix vous échapper.
Nous sommes déjà fatiguées, haletantes, essayant de faire les pauses les plus courtes possibles pour ne pas perdre de temps, et le sentier commence à être de plus en plus abrupte. Très vite nous réalisons que nous avons créé tant de distance entre nous et notre groupe, que nous sommes presque seules sur le chemin. Nous pouvons entendre d’autres groupes en amont, mais ils ne sont pas dans notre champ de vision (assez réduit, je l’accorde). C’est ce moment que la lampe frontale de mon amie choisit pour s’éteindre, batteries à plat. Cela suffit, vous pourriez penser, d’utiliser une seule lampe pour deux. Sauf que davantage de roches volcaniques commencent à jalonner le chemin, et que l’on réalise très vite que ce n’est pas possible.
Nous manquons de prendre un mauvais détour, et comprenons qu’il est quand même nécessaire d’avoir un guide. Nous décidons alors d’attendre un groupe à l’approche, et leur demandons si nous pouvons les rejoindre. Le guide accepte, mais refuse de donner sa lampe de rechange à mon amie car il doit la garder pour son propre groupe. Compréhensible, nous aurons essayé, au moins. Nous finissons par faire la majeure partie du reste de la randonnée avec eux, et à un certain point ma propre lampe frontale se met à vasciller. Nous aurions rit à notre infortune réciproque si nous n’étions pas autant essoufflées. À l’opposé de notre premier guide, celui ci refuse plus ou moins toute pause. Nous sommes épuisées, et mon amie commence à regretter toute cette aventure.
Mais il faut que l’on atteigne le sommet à l’heure pour le lever de soleil. «Ca va, tu peux le faire. » Je ne sais pas qui j’essaye de convaincre, mon amie ou moi même ? La lumière a commencé à apparaître à l’horizon. Le soleil est encore caché, mais nous pouvons voir le sentier avec plus de clarté. Nous avons maintenant atteint la partie la plus abrupte de la randonnée. Nous marchons sur du sable volcanique, nous sentons la chaleur qui en émane, et c’est tellement glissant que je manque de glisser à deux reprises. Il y a même une portion de sentier où nous nous retrouvons à devoir utiliser nos mains pour grimper une série de rochers. Le haut du volcan est tout prêt, ce n’est pas l’endroit où abandonner (mais en toute honnêteté, je dois admettre que j’ai du dire à mon amie à ce moment là que je considérais sérieusement l’option d’abandonner - sauf qu’à cet endroit, ce n’est même pas une option réalisable).
Je décrit peut être cette aventure comme étant vraiment difficile, mais la randonnée n’est en réalité pas si compliquée. Certaines parties sont plus abruptes que d’autres, mais le chemin en soit n’est pas si long. Mais il est vrai qu’il faut être d’assez bonne condition physique pour cette marche, et avoir des chaussures adéquates. Et si vous randonnez avec une limite de temps, c’est bien plus difficile. Peut de pauses seront possibles ! La nuit rend aussi plus difficle de remarquer les rochers sur le chemin. J’ai lu que pour certaines personnes, le chemin pour descendre pend plus de temps que celui pour monter, mais pour nous cela a pourtant été l’inverse.
Atteindre le sommet du volcan
Nous sommes maintenant presque en haut, et depuis les rochers au dessus de nous, j’entends «Les filles, comment ca va ? » Mon amie et moi avons un moment de flottement, ne reconnaissant pas qui nous parle. « C’est moi, Kadek ! ». Nous le regardons encore un peu perdues. « Votre guide du début ! ». Oh ! Avec notre fatigue, nous avions presque oublié que nous avions changé de guide, et nous n’avons aucune idée de comment il nous as reconnues avec l’obscurité du début. Mais il était suffisamment gentil pour nous attendre et nous encourager sur les derniers mètres, et c’est ce dont je me souviens le plus. Il est là pour nous guider vers la fin de la randonnée, où notre groupe nous attend déjà. Comment est-ce possible? Kadek nous informe qu’ils ont choisi l’option de prendre des motos pour atteindre le sommet, à mi chemin. Mon amie et moi échangeons un regard, ne voulant même pas nous attarder sur le fait que c’était apparemment une option. Non, nous sommes fières de nous pour avoir marché sur toute la longueur du sentier.
Les derniers mètres qui nous séparent du sommet du volcan sont probablement les plus difficiles (c’est souvent le cas dans toutes les situations!). Et lorsque nous l’atteignons enfin, la première chose que fait mon amie est s’allonger sur le sol sans un mot, et je ne crois pas m’être davantage identifiée à quelqu’un qu’à ce moment là. Nous rejoignons notre groupe, et assis sur des bancs en bois faisant face au Mont Agung, le vide devant nous, nous attendons que le soleil se lève. Ayant perdu tellemnt de temps sur le chemin pour monter, nous n’avons pas à attendre bien longtemps : le soleil apparaît au dessus de la ligne de l’horizon presqu’ aussitôt que nous sommes assis. Là commence le merveilleux spectacle du lever de soleil, illuminant lentement le ciel et les nuages entourant le double sommet du Mont Agung dans une myriade de tons oranges et roses. C’est saisissant de beauté, et je devient presque émue quand je réalise que je me trouve à 1717 mètres d’altitude sur un volcan à l’autre bout du monde, à admirer auprès de dizaines d’étrangers un spectacle qui a rendu tout le monde silencieux. La vie est véritablement magnifique, en ce moment précis.
Nous observons le lever de soleil jusqu’à ce que ces dernières couleurs s’estompent dans le ciel et que la lumière commence à devenir bien plus claire. Notre guide revient vers nous avec un second petit déjeuner : des sandwichs à la banane (ai-je mentionné que tout est à base de banane, à Bali?) et des œufs durs cuits avec la chaleur émanant du volcan.
Le chemin pour redescendre du volcan, à travers jungle et campagne
Le brouillard envahit vite le sommet du volcan une fois que le soleil est levé. La lumière matinale est devenue grise, et il fait soudainement très froid et humide là haut. À cette altitude, le vent souffle plus fort. C’est notre signal pour commencer à redescendre le volcan. Les premiers mètres vers le bas ne sont pas les plus plaisants, mais dès que l’on se retrouve en dessous du couvert des nuages, le pasage se dévoile à nous sous une toute nouvelle lumière.
Depuis le haut de la caldeira, le point de vue sur la vallée de Batur est incroyablement beau. Les collines de la campagne du nord sont baignées par le doux halo de la lumière du matin. Des pains sont accrochés au versant de la montagnes, leurs aiguilles vertes se balançant dans la brise. La chaleur de l’île augmente rapidement, même si le nord reste plus frais que les régions du sud. Danau Batur, le lac au pied de la montagne, brille sous le soleil et les ombres des nuages sur le patchwork des champs semblent avoir été dessinées à la main.
Une partie du sentier pour descendre, qui est différent de celui que nous avons emprunté pour monter, passe au milieu de la jungle qui entoure la caldeira. Sous le couvert des arbres, la température est plus fraîche, et nous pouvons entendre les chants des oiseaux tropicaux et les cris des singes à longue queue sans pouvoir les voir. Cela ajoute un peu de mystère à l’aventure.
Nous continuons de marcher pendant un long moment, et dès que nous sortons de la forêt, nous nous retrouvons au milieu de la campagne environnante. Nous marchons sur le même chemin que nous avons emprunté de nuit, entre les champs, et dans la lumière du jour nous pouvons maintenant voir les plantations de légumes tout autour de nous. Une femme travaille à arroser les plantes, sont bébé accroché dans son dos dormant paisiblement. Notre guide s’arrête une seconde pour nous montrer les plants de piments, et les fleurs des pois d’Angole (Cajanus cajan) poussant sur le bord de notre chemin. Peu importe la fatigue, il me semble que le sentier se termine trop tôt lorsque l’on rejoint finalement la jeep qui nous attend. J’aurais pu rester bien plus longtemps à admirer davantage de cette luxuriante et resplendissante campagne, ce côté bien moins connu de Bali que je découvrais pour la première fois.
Quelques informations sur la randonnée du Mont Batur au lever du soleil
Comment s’y rendre?
Beaucoup d’agences offrent des excursions avec guide et petit déjeuner en haut de la montagne inclus, comme Bali Trekking Tour. Personnellement, j’ai réservé à travers mon guide sur l’île, Wayana, que je connais bien. Batur se situe à 39km d’Ubud, et la prise en charge au lieu où vous dormez est incluse dans l’excursion. Vous pouvez toujours choisir de vous y rendre et de réaliser l’ascension par vous même, mais je recommande fortement d’avoir un guide. Randonner de nuit dans un endroit que vous ne connaissez pas peut parfois être dangereux !
Combien cela coûte ?
L’ascension du Mont Batur coûte généralement autour de 500 000 IDR (31 EUR) dépendamment d’avec qui vous réservez l’excursion. Le prix devrait inclure la prise en charge, le guide de randonnée, la lampe frontale, et le petit déjeuner. Bien sûr, cela revient toujours à plus cher de reserver en tant que voyageur solitaire qu’en groupe. C’est simplement comme ça que Bali fonctionne !
Important à savoir
Il n’est pas forcément nécessaire d’être totalement équipé pour la randonnée pour réaliser cette ascension, mais je recommanderais tout de même d’avoir une bonne paire de chaussures de marche (où au moins des baskets appropriées) et une veste chaude parce que la température baisse de plusieurs degrés au sommet. N’oubliez pas d’apporter de l’eau avec vous !
Le Mont Batur est listé en tant que Géoparc Global à l'UNESCO, ce qui signifie qu’il est considéré comme ayant une importance géologique internationale. Gardez cela à l’esprit durant votre randonnée, et comme ce devrait être le cas dans tout autre lieu naturel, soyez respectueux de l’environnement. Ne cueillez pas des plantes locales, et n’utilisez pas l’excuse de l’obscurité pour laisser des déchets derrière vous. Si certaines agences proposent de vous rendre en haut en jeep ou moto, si vous décidez d’embarquer sur cette aventure le moyen le plus écologique de le faire est en marchant.
Si vous souhaitez découvrir davantage de la beauté de Bali, voici la gallerie des photos de j'ai prises durant mon voyage.
Comments